Vie chère : Quand inflation et malnutrition vont de paire

Vie chère : Quand inflation et malnutrition vont de paire

 

« Nous ne mangeons plus à notre faim, disent bon nombre de

Burkinabè » ; et pour cause : la cherté de la vie. Le panier de la

ménagère est le plus atteint et son corollaire inévitable est la

malnutrition qui s'en suit. Acheteurs ou commerçants, personne

n'est en reste ; tous souffrent de la plus grande crise alimentaire

de ces vingt  dernières années.  

 

« Le marché n'est plus ce qu'il était jadis », nous dit Régina

Tiendrebeogo au  marché de paspanga. Maintenant, il faut sacrifier

le superflu au profit de l'indispensable, poursuivra t-elle. Les femmes

ne traînent plus dans des causeries interminables. Tout ce qui doit

être acheté est connu et calculé à la maison avant d'arriver  au 

marché. Là, les épices « fèfè, lauriers et autres ingrédients destinés

à relever le goût de la sauce sont royalement ignorées. « Nous ne

pouvons par contre nous passer de l'huile, des oignons et de la

tomate», dira  Aminata Kafando. « Ah c'est trop cher », semble

être le refrain dans ce marché ; l'on l'entend venant de toutes part.

Les prix dans ce petit marché de quartier ont flambé d'en moyenne

40%.Cela a conduit à un véritable changement dans les habitudes.

 

Aminata nous explique sa nouvelle philosophie : « Si avant nous

mangions pour le plaisir, aujourd'hui nous mangeons pour calmer

notre faim ». « Les enfants au début ne voulaient pas manger parce

que le repas était moins bon et sans viande, mais la faim aidant, ils

ont vite compris qu'il fallait faire avec », poursuivra t-elle.

 

Il n y a pas que les consommateurs qui se plaignent, mais aussi les

commerçants. Noufou Ouédraogo est un boucher. Pour lui, les

femmes qui viennent au marché préfèrent maintenant acheter du

poisson sec plutôt que de la viande. « J'ai dû diminuer mon

approvisionnement journalier de beaucoup, mais malgré tout,

ça ne va pas », dira t-il. Adja qui vend des épices dans l'allée

suivante constate impuissante le manque d'affluence ; selon elle

le marché avant, grouillait tous les jours de monde jusqu'à 12h

au moins. Maintenant dès 10h il est complètement vide de toute

clientèle. Même constat au petit marché du soir non loin de la

centrale électrique de Paspanga. « Les affaires ne marchent plus,

nous dit une vielle commerçante » ; « Les gens venaient ici le soir

pour acheter de la salade des concombres et autres crudités ; mais

maintenant je peux rester là toute la soirée sans avoir 500 Fcfa »,

poursuivra t-elle. Elle conclura, « Il faut que le gouvernement fasse

quelque chose, sinon les gens mouront de faim ».

 

« Un tintamarre de casseroles et de marmites vides », c'est ainsi

que les syndicats Burkinabè ont d'ailleurs décidé de relayer ce cri du

cœur. Les Burkinabè ont faim et attendent un geste du

gouvernement, telle est la substance de leur message. Un

gouvernement qui se félicite d'avoir renoncé à plusieurs taxes sur

l'importation des denrées de première nécessité afin de soulager les

populations, mais peine perdue. Les prix affichés restent en général

toujours élevé. C'est ainsi que l'Etat Burkinabè a aujourd'hui changé

son fusil d'épaule. La nouvelle stratégie gouvernementale est la lutte

contre les spéculateurs. Selon la sociologue « Aminata Koné, l'on

doit craindre dans les jours à venir plusieurs cas de maladie liées à

la malnutrition. Selon elle, dans un contexte ou tout est cher,

l'essence, l'électricité, l'eau, le logement et j'en passe, les seules

dépenses compressibles restent la nourriture. Ce qui fait que

beaucoup n'hésitent pas à manger « du n'importe quoi », voire à 

sauter un repas. La vie chère sera donc au final un véritable

problème de santé publique !

 

Wendkouni Hermann Eric Nazé

 

 



28/05/2008
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